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24 mai 2017 3 24 /05 /mai /2017 10:11

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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 00:09

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L'Hôtel des Invalides trône dans le 7ème arrondissement de Paris, avec son dôme doré et majestueux. Il demeure l'un des chef-d’œuvres les plus importants de l'architecture classique française mais aussi l'une des plus grandes fiertés de Louis XIV (« la plus grande pensée de [son] règne »), le roi qui commanda sa construction.

Louis XIV est connu pour son règne long mais également guerrier. Il aurait déclaré sur son lit de mort "J'ai trop aimé la guerre". Si son règne débuta avec la paix des Pyrénées, qui unit France et Espagne, le Roi-Soleil, dès la mort de Mazarin, décida de conquérir de nouveaux territoires dont l'Alsace, la Franche-Comté, l'Artois et les Flandres. Ainsi, la France connaîtra 5 importantes guerres (Guerre d'Espagne 1648-1659, Guerre de Dévolution 1667-1668, Guerre de Hollande 1672-1679, Guerre de la Ligue d'Ausbourg 1688-1697 et Guerre de Succession d'Espagne 1701-1714) et sera donc plus souvent en guerre qu'en paix. Outre les nombreux morts, ces guerres engendrent un nombre important d'invalides. Dans l'incapacité de travailler et touchant une faible pension, ces invalides de guerre échouent dans les villes et errent en vagabonds, commettant petits larcins et bagarres. Face à cette situation, l'administration royale agit sporadiquement en organisant des rafles pour les enfermer dans les hôpitaux généraux ou les envoyer en oblats dans les abbayes. Evidemment cette réponse est insuffisante face à l'afflux des vétérans. Pour pallier à cette indécence aussi bien pour des raisons morales (devoir de charité chrétienne et hommage du roi envers les services rendus) que pratiques (réduire l'insécurité des villes), Louis XIV ordonne, par un édit du 24 février 1670, la construction d'un hôpital militaire réservé à ses vétérans et confie cette mission à son secrétaire d'Etat à la Guerre, François Michel Le Tellier de Louvois (1641-1691). Conçu par Libéral Bruand (1636-1697) et Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), l'Hôtel des Invalides sera achevé le 28 août 1706, en raison de longs atermoiements pour la conception de l'église royale. Louvois, qui hérita de la charge de son père, fut un des grands ministres de Louis XIV mais sa réputation est souvent éclipsée dans les livres d'Histoire par le prestige de Colbert. Les deux hommes étaient d'ailleurs rivaux et essayaient de marquer leurs territoires et œuvres.

La légende veut que Louvois sema un peu trop généreusement ses armoiries personnelles (3 lézards) un peu partout dans l'édifice. Cela ne plut pas au Roi qui le contraignit à les retirer. Mais, l’égo de Louvois ne pouvait s’en satisfaire et décida alors de marquer l’Hôtel avec un rébus rappelant son nom. Et quoi de mieux pour cela de le faire dans la cours d’honneur (cours royal), espace central et cœur de vie du site de l'hôtel national des Invalides. Ce lieu, d’un grand classicisme, avec ses arcades, ses statues et ses frontons en symétrie, affiche également des lucarnes (60 exactement). Ces lucarnes, situées au bord des toits, avaient pour fonction la ventilation des combles où étaient stockées les denrées et constituent également un ensemble de sculptures résumant 30 ans de l'histoire militaire de Louis XIV (de ses débuts (1643) aux traités de Ryswick (1697)). Parmi ces décorations rappelant les succès, une détonne un peu (la 6ème à gauche en commençant par le fond, le dôme et la statue de l’Empereur vous faisant face) puisqu’on y voit un loup, posant ses pattes sur le rebord, les yeux fixant la cour, sortir d’un feuillage. Ce serait donc un rébus de pierre traduit par « Le loup voit », reprenant le nom du maître des lieux et vous rappelant qu’il vous surveille.

La légende est belle et très souvent relayée mais il semblerait qu’elle soit fausse. Tout d’abord, des travaux de restaurations eurent lieu en 1998 qui mirent en évidence qu’il s’agirait plutôt d’un Ours. Ensuite, Bernard Sevestre et Jean-Philippe Cénat renseignent sur la véritable symbolique de ces sculptures et de ce loup. Il semblerait que cet animal représente l’empire ottoman. En effet, dans la tradition pré-islamique, de l’union d’une louve et d’un enfant mâle, du peuple mongole Hiong-nu,  naquit un peuple fort, les T’ou-kiue, les premiers Turcs. Atatürk réintroduisit le loup comme symbole national. 2 autres lucarnes renforcent cette interprétation puisqu’elles affichent également des loups, accompagnés d’un croissant de lune, symbole de l’Islam. Une (la 3ème en commençant par la droite sur la façade opposée à celle où se situe la statue de l’Empereur) présente l'expédition de Djidjelli de 1664. Une autre (la 9ème à gauche en faisant face au dôme) consacre la victoire des français sur les Turcs à la bataille du Saint-Gothard également en 1664. Résultat, celle du rébus montrerait selon Bernard Sevestre l'Ottoman faisant le siège de Vienne (1683). Les armées ottomanes seront chassées par les troupes de Jean Sobieski, roi de Pologne. Louis XIV ne participât à la campagne pour libérer Vienne mais en interrompant, par la trêve de Ratisbonne, le siège de Luxembourg, permis au Saint-Empire de se concentrer contre les ottomans. D’autres animaux symbolisent des nations sur ces lucarnes : le lion de l’Espagne, l'aigle du Saint-Empire, le griffon de Poméranie et l'éléphant du Danemark.

Il ne faut pas croire que Louvois ne laissa pas sa trace dans ces lucarnes. En effet, 3 lucarnes pourraient se rapporter à Louvois. Le première (10ème lucarne à droite, le dôme vous faisant face) présente les attributs de la justice. Elle pourrait alors faire allusion aux ordonnances établit par Michel Le Tellier (1603-1685), grand chancelier de France et père de Louvois, qui modernisèrent l'armée royale. Une autre (3ème lucarne à gauche, le dôme vous faisant face) montre deux affûts de canons, qui symbolisent les arsenaux, et une croix octogonal. Outre le fait qu'il poursuivit le travail de son père pour moderniser l'armée royale, Louvois mis sur pied les troupes qui allait affronter les Pays-Bas (d'où les arsenaux). Il fut également vicaire général de l'ordre de Saint-Lazare, dont l'insigne est précisément la croix à huit pointes. Enfin, dans la dernière lucarne à droite de la façade où se situe la statue de l'Empereur apparaît, dans la moitié supérieure, à la fois un dextrochère et un sénestrochère qui forment le support habituel de la juridiction de la Connétablie, la croix de l'ordre royal du Saint-Esprit et aussi deux têtes de reptile. Or, Louvois était le secrétaire d'Etat à la Guerre, fonction du Connétable, chancelier de l'ordre du Saint-Esprit et les armes de la famille de Louvois comportaient 3 têtes de lézard.

Au final, après avoir louvoyé entre ces différentes explications vulgaires ou savantes, il est certain que la lecture de ces lucarnes révèle des symboles, des mystères, des secrets évidents ou bien gardés mais qui en tout état de cause doit exciter notre imagination et notre curiosité.

Pour en savoir plus :

Bernard Sevestre - La symbolique de Louvois dans la cour royale des Invalides. In: Histoire, économie et société, 1996, 15ᵉ année, n°1. Louvois. pp. 169-176

Jean-Philippe Cénat - Louvois, le double de Louis XIV. Edition Tallandier

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 17:44

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Si la révolution française a durablement et profondément modifié notre système politique, les nouveatutés ne se sont pas arrêtées à nos institutions. Par exemple, le découpage administratif et l'organisation des rues de la Capitale avaient été notamment revus (article #7). La révolution va aussi instaurer un nouveau système de poids et mesure.


En 1789, lorsque le Roi reçoit les cahiers de doléances, en vue des États Généraux, une des demandes récurrentes est l'uniformisation des poids et mesures. Sous l'ancien régime, les systèmes de poids et mesures sont souvent définis suivant une référence humaine (toise, pieds, pouce ...), celle du Roi en l'occurrence. Résultat, à chaque nouveau Roi, les pieds, pouces et autres mesures sont redéfinis. En outre, chaque corporation ou seigneurie l'adaptent en fonction de ses usages, voire adoptent son propre système. Enfin, il n'y a pas d'étalon mis en place et lorsque c'est le cas, le temps les altère. A l'aube de la Révolution, les mesures varient dans le temps, d'un lieu à un autre, d'un métier à un autre, d'un produit à un autre. Une même mesure peut donc avoir plusieurs dénominations et une dénomination peut avoir plusieurs mesures. Cette multiplicité constitue une source d'erreur et de fraude, un obstacle pour toutes les classes de la société et en particulier pour les échanges au sein de la nation.


L'uniformisation du système des poids et mesures constitue donc une occasion en or pour la Révolution. Tout d'abord, d'adopter un système universel, en ligne avec les idées des Lumières. Ensuite, d'anéantir un symbole du pouvoir royal en ne faisant plus dépendre les mesures de l'avènement d'un nouveau monarque. Enfin, d'unifier le pays, en période de crise, autour de valeurs communes et fortes. Ainsi, en 1790, l'Assemblée Constituante va confier à l'Académie des sciences le soin d'uniformiser les poids et mesures, avec pour objectif de retenir une unité de mesure naturelle, impartiale et invariable. L'Assemblée souhaitait mettre en place un système qui ne pourrait être remis en cause par un quelconque arbitaire et pourrait également s'exporter dans le monde. Talleyrand, reprenant les travaux de l'anglais Wilkins et de l'italien Burattini, présente un système où l'unité de mesure repose sur la longueur effectuée par un pendule qui oscille pendant une seconde. L'Assemblée Nationale publie un décret le 8 mai 1790 en vue de définir avec précision cette nouvelle mesure, en collaboration avec la Société Royale de Londres. Mais, cette tentative ne rencontrera pas de succès à l'étranger. Surtout, la mesure est imprécise car dépendant de l'écart angulaire et de l'endroit sur le globe (en raison des différences de gravité). L'Académie des sciences propose alors, le 19 mars 1791, à l'Assemblée Nationale, de retenir le méridien terrestre comme base de calcul de la nouvelle unité de mesure. Cette dernière est adoptée par décret le 26 mars 1791 et une expédition de scientifiques français, menée par Borda, Delambre et Méchain, est lancée pour mesurer avec exactitude l'arc du méridien terrestre entre Dunkerque et Barcelone. Seulement, la suppresion de l'Académie des sciences le 8 août 1793 et surtout la déclaration de guerre entre la France et l'Espagne le 7 mars 1793, vont compliquer et retarder les études, qui dureront de 1792 à 1799. Résultat, la Convention considère ces études trop longues alors que l'unification des mesures des poids et mesures s'avèrent urgente à mettre en place afin de faciliter les échanges de produits, notamment de blé, les villes françaises faisant face à des pénuries. Par la Loi du 1er août 1793, la Convention adopte alors, sur la base de travaux antérieurs, un système provisoire. Ce dernier repose sur la mesure du méridien de la terre et une base décimale. L'unité de mesure est dénommée mètre (du grec metron : mesure) et représente le dix millionième du quart du méridien terrestre. Puis, par le Décret du 18 germinal an III (7 avril 1795), la Convention adopte le rapport du député Prieur de la Côte d'Or et instaure définitivement le mètre. 


Ce ne fut pas la première tentative d'unification ou de rationalisation du système de mesure (Edit de Pistre en 864, Édits de François Ier sur l'aunage en 1540-1545, Édit d'Henri II en 1557, Colbert, Laverdy, Trudaine ...) mais toutes furent des échecs. Il fallait donc trouver le moyen de l'imposer. Le Décret du 18 germinal an III prévoit en premier lieu la construction d'un mètre étalon en platine, conservé par la Convention, (art. 2) et des copies devront être produites et envoyées dans chaque chef-lieu de district (art. 3). En second lieu, les résistances locales ayant eu raison des précédentes tentatives d'unification, le Décret prévoit que ce nouveau système soit mis en place progressivement (art. 9). Enfin, une Agence temporaire des poids et mesures est instaurée notamment pour surveiller la fabrication de l'étalon et des nouvelles mesures ainsi que "répandre les instructions convenables pour apprendre à connaître les nouvelles mesures" (art. 11).

Ce mètre étalon sera finalement tout d'abord fabriqué en laiton et présenté à la Convention le 18 messidor an III (6 juillet 1795). Il est aujourd'hui conservé au Musée des Arts et Métiers (IIIème arrondissement). Puis, le 1er vendémiaire an IV (23 septembre 1795), une Loi rend l'usage du mètre obligatoire à Paris à compter du 1er nivôse an IV (22 décembre 1795). Cette même loi précisera également que la police fera plusieurs fois par an des visites auprès des commerçants pour vérifier l'exactitude des mesures et des poids. Les efforts pour la diffusion sont également faits par les instituteurs qui sont chargés d'enseigner le nouveau système à leurs élèves. Enfin, l'Agence temporaire des Poids et Mesures recommande à la Convention le 14 thermidor an III (1er août 1795) de réaliser un projet daté du 23 messidor an III (11 juillet 1795) qui avait pour objet de "placer dans les lieux les plus fréquentés de Paris quelques monuments, peu considérables, mais cependant assez apparents pour attirer la curiosité et assez solides pour résister aux injures de l'air aux atteintes de la malveillance, sur la base desquels serait fixé ou simplement tracé un mètre". La réalisation est confiée à l'architecte Jean-François Chalgrin (qui travaillera plus tard sur l'Arc de Triomphe) qui le 18 septembre 1795 présente son idée de monument métrique, son devis ainsi que les 16 emplacements retenus :

1. Dans le jardin des Tuileries,

2. Au Luxembourg, Rue de Tournon,

3. Au Palais de Justice,

4. A l'entrée du Palais Egalité,

5. A la porte St Antoine,

6. A la porte St Martin,

7. A la porte St Denis,

8. A la porte aux lettres (vers les Halles),

9. A la place Maubert,

10. Rue St Denis, près de la rue aux Ours,

11. Au Jardin des Plantes,

12. A la Bibliothèque Nationale,

13. Boulevard des Italiens,

14. Au Pont-Neuf,

15. Place de Grève,

16. A l'entrée de la Galerie des Tableaux.

De ces 16 "monuments métriques", il n'en reste plus que deux à Paris. Un situé à l'entrée du Ministère de la Justice (au n°13 place Vendôme, Ier arrondissement). Un autre situé au 36 rue de Vaugirard (sur le mur qui stoppe les arcades - VIème arrondissement). Ce dernier est le seul à être encore à son emplacement initial puisque finalement, la rue de Vaugirard fut préférée à la rue de Tournon. Ces monuments sont constitués d'une plaque de marbre (qui fut difficile de se procurer en 1795), coiffée d'un chapiteau et sculptée par Corbel, dans laquelle est gravée un mètre. Aux extrémités de ce mètre sont encastrés des talons entre lesquels les citoyens pouvaient glisser leurs objets pour les mesurer. A l'intérieur du mètre, les repères des décimètres sont également gravés ainsi que les centimètres dans le décimètre situé à droite.

Metre

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 17:51

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Plaqueloi2"Nul n'est censé ignorer la loi" ... Voici un adage d'Aristote qui fonde notre état de droit. Mais, ce dernier n'est pas complet et, dans l’œuvre du philosophe grec, il était suivi de "surtout quand il est facile de la connaître". Aujourd'hui, la connaissance des lois est rendue difficile par la complexité et l'inflation législatives. On compte plus de 8.000 lois et 110.000 décrets. Nos chers politiques pensent que leur seul moyen d'exister ou de répondre à un problème est d'ériger une loi. Toutefois, les citoyens bénéficient de nombreux moyens de communication et d'information (presse écrite ou audiovisuelle, internet ...) qui permettent, à défaut de comprendre, de se tenir au courant. Par le passé, les moyens d'information et de communication étaient moins développés, alors comment les citoyens faisaient ?

 

On trouve une partie de la réponse dans certaines rues de Paris ou sur les murs d’Église où s'affichent des plaques noires mentionnant l'inscription "Loix et actes de l'autorité publique". En effet, sous ces plaques, l'autorité publique pouvait y exposer ces décisions et ainsi informer les citoyens. Et les actes affichaient n'étaient pas seulement des lois. Sous la révolution, les condamnations à mort des citoyens qui seront guillotinés y étaient placardés.


L'affichage comme outil de communication remonte à l'antiquité. Il suffit même de repenser aux Dix Commandements que Dieu grava dans la pierre et que Moïse dut exposer à son peuple. En Egypte, des stèles étaient prévues à l'entrée des temples pour accueillir les décisions des pharaons. Chez les abyssins, les lois s'affichèrent dans les tribunaux de chaque ville. En 400 avant JC, sur le mur du forum fut gravée la loi des 12 tables, premier corpus de loi romaine écrite. D'autres moyens furent également utilisés comme les Albums, murs couverts d'un enduit blanc sur lesquels on pouvait écrire en noir ou en blanc les annonces en tout genre pour les porter à la connaissance du public. C'est ainsi que les Grecs publiaient un grand nombre d'actes publics, règlements, ordonnances, actes d'accusation, sentences, ou de conventions particulières, telles que les ventes de domaines ou d'esclaves. Ces Albums pouvaient également être des tablettes blanches reposant sur un axe pivotant, appelé Axone. On les appela également Cyrbes quand les annonces concernaient le culte des Dieux. Solon (politicien et poète athénien - 640 av. JC - 558 av. JC) y écrivit ses lois. Ces Albums et Axones se situaient naturellement dans les endroits les plus fréquentés et aux places les plus apparentes, de telle façon qu'il fût facile à tout le monde d'en prendre connaissance. Ces conditions de publicité étaient de règle pour les actes de l'autorité. Les romains poursuivirent cette tradition. Dans les premiers temps de la république, le consul exposait sur la place publique ses projets de loi afin de les faire connaître à ceux qui avait le droit de voter. Puis, une fois adoptée, la loi était gravée sur des tables d'airain et exposée. Au début de sa magistrature, le prêteur faisait exposer un édit décrivant sa future politique judiciaire. Les romains affichèrent également les Acta Diurna, recueil officiel de décisions ou d’événements. L'empereur Justinien (483 - 565) poursuivra cette publicité en ordonnant que ces lois fussent publiées et affichées dans des lieux éminents, afin qu'elles fussent connues de tous. En revanche, au moyen-age, les lois étaient proclamées oralement, l'annonce étant précédée d'une sonnerie de trompe, de cor ou de trompette. L'affichage était alors exceptionnelle. On note tout de même que Charlemagne enjoignit le Comte de Paris en 803 de publier dans toute la ville un de ses capitulaires et qu'il était fait mention dans l'édit de Crécy de 861 qu'il sera lu, publié et affiché. Dans un édit de novembre 1539 (et non dans l'ordonnance de Villers-Cotterêts), François Ier va promouvoir l'affichage en indiquant que ses ordonnances "après avoir été publiées à son de trompe et cri public seront attachées à un tableau, écrites sur des parchemins en grosses lettres, dans les 16 quartiers de la Ville de Paris et dans les faubourgs, dans les lieux les plus éminents, afin que chacun puisse les connaître et les entendre". Il est également préciser qu'il est interdit de les ôter sous peine de punition corporelle et qu'elles sont placées sous la protection des commissaires de quartier. Désormais, l'affichage des lois devient quasiment systématique, même si, sous Louis XIV, cette forme de publicité sera délaissée puisqu'il ne sera plus mentionné dans les actes qu'ils doivent être affichés. Il faut attendre la révolution pour que l'affichage des lois reviennent en force. Un décret du 9 novembre 1789 réinstaure l'affichage des lois et sera repris dans la constitution de 1791 (Chap. 4, Sect. 1, Art. 3).

 

Toutefois, avec la révolution (et même avant), l'affichage sauvage s'amplifie. Pour le législateur de l'époque, cette prolifération n'a que des inconvénients. Les pancartes commerciales ou de personnes privées (souvent des pamphlets) concurrencent et brouillent le message des affiches publiques. En outre, nombres de mur de bâtiment sont défigurés par cette affichage sauvage. Enfin, les attroupements se forment devant les emplacements improbables, gênant la circulation, voire créant des accidents. Résultat, un décret du 10 et 18 mai 1791 est pris et précise en son article 11 que "dans les villes et dans chaque municipalité, il sera, par les officiers municipaux, désignés des lieux exclusivement destinés à recevoir les affiches des lois et des actes de l'autorité publique. Aucun citoyen ne pourra faire des affiches particulières dans lesdits lieux". Puis, un décret du 22 juillet 1791 indiquera que seules les affiches de l'autorité publique pourront être imprimées sur papier blanc tandis que celles des particuliers devront être en couleur. Ces fameuses plaques noires font donc leur apparition dans Paris à cette période et seront apposées dans les endroits les plus fréquentés comme les Églises.

 

Par la suite, dès la constitution de 1793 et la loi du 14 frimaire an 2 (4 décembre 1793), l'affichage ne fait plus partie des modes de publication des lois. Cette disposition sera confirmée dans les différentes constitutions et lois suivantes, en particulier dans le décret du 12 vendémiaire an 4 (3 octobre 1795). Néanmoins, l'affichage de manière générale (publicitaire, commerciale, privée) continuera à être codifiée. Notamment, avec la fameuse loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui fera fleurir sur de nombreux murs la mention "Défense d'afficher - Loi du 29 juillet 1881".

 

 

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 15:21

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Les fêtes de Noël et du nouvel an viennent de se terminer et l'épiphanie arrive à grand pas. Néanmoins, l'aspect commercial de ces fêtes l'a emporté sur la cérémonie religieuse. Nombre de mouvements politiques auraient aimé rencontrer un tel succès dans leur lutte contre le christianisme. Notamment les révolutionnaire de 1789.

A cette époque, le christianisme était la religion d’État donc de l'ancien régime (le Roi de France était un roi de droit divin, un fils aîné de l’Église). D'ailleurs, au vue du comportement intéressé et mercantile de son clergé, l’Église ne pouvait être qu'un ennemie du peuple. Toutefois, le catholicisme étant profondément ancré dans la culture française, il n'était pas possible aux révolutionnaires d'attaquer de front le clergé, surtout qu'une partie de ce dernier s'était rallié au tiers-état au sein de l'Assemblée nationale de 1789. En conséquence, les révolutionnaires tentèrent, d'une part, de démanteler les privilèges considérables du clergé, et d'autre part, d'assimiler le christianisme à la révolution. Ainsi, le 4 août 1789, l'Assemblée Constituante abolît la Dîme, puis le 2 novembre, elle nationalisa les biens du clergé. Le 26 août 1789, l'article 10 de la Déclaration des Droits de l'Homme et des Citoyens met en place la liberté de culte. Le 13 février 1790, une nouvelle loi interdit les vœux monastiques et supprima les ordres religieux. Enfin, le 12 juillet 1790, la Constitution Civile du Clergé est adoptée. L’Église française devient alors indépendante du Pape et ses membres des "fonctionnaires" de l’État, ayant juré fidélité à la nation, à la loi et au roi. Mais, le sujet religieux ne fut pas totalement traité et les antagonismes demeuraient encore très forts, surtout après la condamnation par le Pape de la Constitution Civile (connue à Paris en avril 1791). Des décisions législatives vont s'enchaîner en 1791 et 1792 pour convaincre les réfractaires à prêter sermon, notamment en durcissant les peines. Mais, les soulèvements en Vendée ainsi que la prise des Tuileries et l'emprisonnement de la famille royale vont définitivement diviser la population.

 

Ce climat atteint son paroxysme à l'été 1793. Les pressions sur la jeune république (septembre 1792) sont multiples. Tout d'abord, les menaces sont externes avec les avancées des troupes de la première coalition qui regroupe une grande partie des pays européens (Valencienne et Mayence tombent le 28 juillet 1793). Ensuite, le danger vient de l'intérieur : l'insurrection vendéenne s'étend (Saumur et Angers tombent respectivement le 9 et 18 juin 1793), la Lozère connaît son lot de violence, la Provence ainsi que Lyon se rebellent ... En outre, les tensions politiques sont importantes au sein même de l’État : Girondins et Montagnards s'affrontent depuis un an sur la politique à mener. Marat est assassiné le 13 juillet. Enfin, économiquement, la République connaît des heures sombres : les assignats ont perdu 60% de leur valeur en 3 ans et le prix des denrées alimentaires explose. Toutes ces menaces vont nourrir les peurs des français et les solutions vont être radicales. Les divers mouvements radicaux emmenés par Jacques-René Hébert (1757-1794) se focalisent sur les ennemis de la révolution et la religion, avec ses prêtres réfractaires, va être le catalyseur. Après avoir tenté d'assimiler le christianisme, il apparaît nécessaire de déchristianiser la société afin de renforcer l'adhésion des français à la Convention.

 

C'est dans ce contexte qu'apparaît une nouvelle "religion" : le culte de la Raison. Difficile d'expliquer comment cette religion est née. Elle procède des Lumières, en se basant sur l’athéisme et le naturalisme de Diderot et de Jean-Jacques Rousseau ainsi que sur les valeurs (la Raison et sa fille la Vérité) de Voltaire. Les pouvoirs publics n'en sont pas les promoteurs mais, avec la prise d'un certain nombre de décision, la Convention désacralise et engage le mouvement de déchristianisation. Les Hébertistes et leur proche attisent le mouvement mais sans vraiment l'organiser ou le diriger. Au final, les manifestations spontanée et des décisions locales vont de août 1793 à mai 1794 favoriser son essor.

Le 10 août 1793, premier anniversaire de la chute de la royauté, la Convention autorise le peuple à détruire les mausolées et tombeaux des rois. Le même jour, une première manifestation voit l'érection d'une statue de la Nature, place de la Bastille, et un chant à la gloire de la Nature et de la Raison est entonné. A l'automne 1793, plusieurs représentants en région (principalement dans le Centre et le Lyonnais), proches des Hébertistes, dont Joseph Fouché (1759-1820) à Nevers puis à Lyon et Pierre-Gaspard Chaumette (1763-1794) à Paris, vont, en prenant des décisions anticléricales, aider à la propagation de ces fêtes et cortèges en l'honneur de la Nature et de la Raison. Les églises commencent à être fermées et pillées. La Convention décide alors, pour le premier anniversaire de la République, d'instaurer un nouveau calendrier en octobre 1793 basé sur la nature afin de remplacer le calendrier grégorien et son symbolisme religieux (repos dominicale, nom de saint associé à chaque jour ...). En outre, le 6 novembre, la Convention autorise les communes à renoncer au culte catholique. L'évêque de Paris retire publiquement, le lendemain, ses insignes religieux. Le 10 novembre 1793, une fête civique est donnée dans Notre-Dame de Paris qui devient un Temple de la Raison. D'autres églises parisiennes deviennent des temples de la Raison : Saint-Paul-Saint-Louis (IVème arrondissement), Panthéon (Vème arrondissement), Saint-Sulpice (VIème arrondissement), Saint-Louis dans les Invalides (VIIème arrondissement) et Saint-Thomas-d'Aquin (VIIème arrondissement). Mais, dès novembre 1793, des voix s'élèvent, en particulier Roberspierre (1758-1794), soutenu un temps par Danton (1759-1794), contre ce mouvement athée et iconoclaste. Robespierre a d'une part compris que les Hébertistes soutiennent ce culte afin de faire vaciller la République en divisant les français, et d'autre part, si Robespierre n'est pas catholique, il n'en demeure pas moins Déiste. Il déclara : "ces mascarades antireligieuses ne sont que le fruit de conspirations de l’étranger" ou encore "tout homme qui croit est foncièrement bon". Ainsi, sous son impulsion, le 6 décembre, la Convention réaffirme la liberté des cultes. Chaumette se modère et le mouvement commence alors à refluer dans la capitale. Il continue toutefois d'être vivace dans les campagnes durant le début de l'année 1794. Ce débat n'est que l'émanation théologique d'une rivalité politique entre les ultra-révolutionnaires de Hébert et les modérés (Robespierre et les Indulgents de Danton) qui verra les modérés l'emportaient au printemps 1794 avec l’exécution d'Hébert et des ultras. Robespierre avait déclaré "si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer". En outre "l’athéisme est aristocratique, l’idée d’un grand être qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime triomphant, est toute populaire.". Il décide alors de promouvoir une nouvelle religion Déiste : le culte de l’Être Suprême. En effet, dès 1789, la déclaration des Droits de l'Homme était placée sous les auspices de l’Être Suprême. De plus, depuis quelques temps, plusieurs orateurs faisaient mention au côté de la Raison de l'existence de l’Être Suprême. Surtout, il fallait soutenir le nouveau calendrier et l'instauration des fêtes décadaires (lié au décadi, le dixième jour de la semaine qui remplaçait le dimanche du calendrier grégorien). Robespierre réalisa la synthèse de cette croyance dans un rapport sur les idées religieuses et morales qu'il fit adopter en décret par le Convention le 7 mai 1794. Si le culte de la Raison était anarchique, composé de cérémonies et de processions iconoclastes et carnavalesques, le culte de l’Être Suprême se voulait plus organisé, avec les fêtes civiques, et visait à développer le civisme et la morale républicaine, à promouvoir l’Amitié, la Fraternité, le Genre humain, l’Enfance, la Jeunesse ou le Bonheur. Le 8 juin 1794, une fête de l’Être Suprême fut donnée dans plusieurs villes de France (au Champs de Mars à Paris, dans le Lyonnais, le Centre, la Bourgogne, le Sud (Languedoc et Provence), le Nord ainsi que la Normandie). Elle fut présidée à Paris par Robespierre lui-même, ce qui permit à ses opposants de l'accuser de viser la prise du pouvoir. Résultat, avec la chute de Robespierre en juillet 1794, ce culte ne parviendra pas unifier les différentes versions du culte de la Raison et va tomber petit à petit dans l'oubli (même si la déclaration des Droits de l'Homme de 1795 est encore placée sous l'auspice de l’Être Suprême). Néanmoins, fin 1796, Jean-Baptiste Chemin-Dupontes (1760-1852) et Valentin Haüy (1745-1822), vont relancer une nouvelle forme de ces cultes sous le nom de théophilanthropie, qui se veut un culte familial, déiste et humanitaire. Si ce culte rencontre un certain succès en convertissant l'entrepreneur Dupont de Nemours (1739-1817) ou le peintre David (1748-1825), et en occupant 19 églises parisiennes, il va également péricliter rapidement. En 1801, le culte est chassé des églises et en 1803, il est interdit. Avec le Concordat de 1802, toutes les églises françaises sont redonnées au culte catholique.

 

Que reste-t-il de cette tentative de déchristianisation ? Une seule inscription à Paris. Rendez vous à l'église de Saint-Sulpice (VIème arrondissement). Examiné le fronton au-dessus de la porte du milieu. Il est difficile de distinguer sur ce demi-cercle en bois l'inscription suivante : "Le peuple français reconnoit l'être suprême et l'immortalité de l'âme", qui est le premier article du rapport de Robespierre sur les idées religieuses et morales. Elle date donc de 1794 et demeure l'un des derniers vestiges de ce nouveau culte.

 

StSulpiceRevolution

 

 

 

 

 

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 11:39

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Paris est une grande ville où il est parfois difficile de se repérer. Et la situation pouvait être encore plus difficile avant que le Préfet Haussmann remodèle la ville et crée de nombreux grands boulevards à la place des petites ruelles insalubres. Avant le XVIIIème siècle, les habitants se repéraient qu'aux travers des enseignes des magasins. Puis, les noms des rues vont s'afficher ou plutôt être gravés dans la pierre. Mais, les principales évolutions comme les petites histoires datent de la fin du XVIIIème siècle et du début du siècle suivant, au moment où la Révolution et l'Empire structurent la France et Paris. Je vous propose donc de voyager dans ce Paris qui ne connaissait pas Google Maps ...

A l'origine, Paris est un gros bourg qui, de la l'île de la Cité, va se développer par la suite de par et d'autre de la Seine. Edifié par les Romains, Paris suit alors leur logique qui consiste à subdiviser une ville afin d'en faciliter l'administration. Avant l'édification de l'enceinte de Philippe Auguste (1190 à 1215), Paris est divisé en quatre parties (Ile de la Cité, Saint-Jacques de la Boucherie, le Verrerie, la Grève), d'où le nom de quartier. Puis, quatre nouveaux quartiers apparaissent avec la construction de l'enceinte. Enfin, 8 nouveaux quartiers sont ajoutés à la suite à l'érection de l'enceinte de Charles V vers 1383. Jusqu'en 1702, Paris compte donc 16 quartiers (dont les délimitations évoluent au fil des changements administratifs). Par arrêté du Conseil du Roi du 14 janvier 1702, Paris s'accroît encore de quatre nouveaux quartiers et arrive donc à 20 :

1. la Cité

2. St Jacques la Boucherie

3. Sainte Opportune

4. Louvre

5. Palais Royal

6. Montmartre

7. St Eustache 

8. Les Halles

9. St Denis

10. St Martin

11. La Grève

12. St Paul

13. Ste Avoye

14. le Temple

15. St Antoine

16. Place Maubert

17. St Benoît

18. St André des Arcs (aujourd'hui St André des Arts)

19. Luxembourg

20. St Germain des Prés.


ArrondissementMais, la révolution va revoir tout ceci. En 1788, le Roi convoque les Etats-Généraux. Afin d'élire les représentants du tiers-état, Paris est divisé en 60 districts. Chaque ancien quartier est alors divisé en 3 ou 4 districts. Puis, ce nombre est réduit à 48 en 1790 (appelé alors sections) pour finalement arriver à 12 arrondissements avec la loi du  19 vendémiaire an IV (11 octobre 1795). Cette loi adapta à Paris le découpage des villes prévu à l'article 183 de la constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795). Chaque arrondissement regroupe alors 4 anciennes sections.

Comme indiqué plus haut, la signalétique parisienne a été très longtemps limitée pour ne pas dire inexistante. Au XIIIème siècle, seules les grandes maisons affichaient sur leur façade un signe distinctif (armoiries, statue ...) permettant de les identifier. Puis, la publicité prenant forme, les boutiques vont se distinguer en suspendant des enseignes, servant alors de repères pour le quidam. L'organisation de la voie publique était alors laissée à la population et ce n'est pas la définition des arrondissements qui facilitait les déplacements. Il faut attendre l'ordonnance du 16 janvier 1728, pour que l'on commença à poser des plaques indiquant le nom de la rue. Le Lieutenant Général de Police, René Hérault, imposa la pose sur la première et dernière maison de chaque rue d'une plaque de tôle ou fer blanc portant en caractère noire le nom de la rue. Mais, leur fragilité ainsi que la malveillance ou plutôt la négligence des parisiens comme des restaurateurs de maisons vont faire disparaître certaines plaques. Une nouvelle ordonnance de police du 30 juillet 1729 viendra renforcer cette obligation en ordonnant aux propriétaires des immeubles d'entretenir les plaques et à les remplacer par des tables en pierre de liais avec gravure du nom de la rue. Enfin, l'ordonnance du 3 juin 1730 précisera que les plaques seront désormais poser à chaque intersection de la rue (et non plus seulement au début et à la fin de la rue). Un numéro se trouve généralement en dessous du nom de la rue. Il correspond au numéro de l'arrondissement, comme aujourd'hui. Toutefois, il s'agit de la numérotation d'avant 1789 (voir ci-avant) et non de l'actuelle.

Rue1729


L'entreprise de René Hérault permit également de commencer la nomenclature du nom des rues. Auparavant, les noms des rues étaient donnés par la population en fonction des enseignes des corporations affichées dans la rue (ce qui pouvait conduire à des doublons). Au XVIIème siècle, l'administration va commencer à nommer les rues mais uniquement pour les artères et places principales. Résultat, avant 1728, la nomination et le recensement des rues n'étaient pas clairement organisés. Pour l'anecdote, durant la Révolution (14 août 1792), les traces de l'ancien régime devaient disparaître et donc de nombreuses rues furent rebaptisés. Pour les rues portant le nom d'un Saint, la solution fut d'effacer les lettres St des plaques. Toutefois, face à l'incongruité des noms et en signe de réconciliation, Bonaparte en avril 1802 rétablit le nom des Saints et les lettres furent regravées ou réinscritees.

RueSt

 

NumerotationsectionnaireLe Lieutenant Général de Police, René Hérault, tentera également d'introduire la numérotation des maisons mais sans succès. En effet, si la numérotation des maisons des faubourgs de Paris apparue au début du XVIIIème siècle, il faut attendre 1779 et l'initiative personnelle, mais avec l'accord tacite de l'administration, de Marin Kreenfelt de Storcks pour qu'une première tentative ordonnée et continue de numérotation ait lieu dans Paris. Ce système, appelé Numérotage Royale, devait être repris par les différents almanachs de l'époque (ceux de Kreenfelt, Watin, Lesclapart ...), équivalent de nos pages blanches actuelles et où étaient indiqués les notables locaux. Malheureusement, la numérotation reprise ne fut pas toujours cohérente. Avec la Révolution, un nouveau système dit "Numérotage Officiel Révolutionnaire" ou "Numérotation Sectionnaire" est mis en place par un décret de l'Assemblée constituante du 23 novembre 1790. Toutefois, cette organisation malcommode (une série numérique n'était pas pour une rue mais pour une section, équivalent des arrondissements), qui avait pour but de faciliter l'impôt et non l'orientation, conduisit à des chiffrages supérieurs à 5000 dans certaine rue ou à des rues ayant différentes maisons avec le même numéro (car chaque maison était dans une section différente). Résultat, par décret du 4 février 1805, le préfet Frochot introduisit un nouveau système qui demeure toujours en vigueur aujourd'hui :

- une seule série numérique par rue (article 2) ;

- un seul numéro par maison (article 2) ;

- séparation des numéros pairs (à droite) et impairs (à gauche) (article 4) ;

- numérotation dans le sens amont-aval de la Seine pour les rues parallèles au fleuve et commençant du plus proche de la Seine vers le plus éloigné pour les rues perpendiculaires au fleuve (article 7) ;

- dans les rues perpendiculaires à la Seine, le numérotage sera exécuté en noir sur fond ocre et dans les rues parallèles il sera en rouge sur fond ocre (article 8) - ce point a été abandonné depuis.


Numerotation1805


 

 

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 16:49

Cette année, la ville de Paris a de nouveau organisé un concours pour récompenser les meilleurs blogs. Les Golden Blog Awards. Mon blog est certes jeune et mérite encore de nombreuses améliorations mais je me suis lancé dans le concours. Non pas pour gagner mais au moins pour en améliorer la visibilité. Toutefois, j'espère retenir l'attention du jury et vous pouvez m'aider en votant pour mon blog. Voici le lien pour voter directement : Golden Blog Awards

Il est possible de voter une fois par jour avec la même adresse IP et jusqu'au 22 octobre. Alors si vous avez aimé ces quelques pages et si vous souhaitez encore en lire, votez !

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 23:59

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Pour clore les articles consacrés aux blessures de la capitale, il fallait aborder la dernière guerre que connue Paris : la Seconde Guerre Mondiale. Paris sera occupé par les armées allemandes du 14 juin 1940 au 25 août 1944. Il est souvent indiqué que Paris a été relativement épargné par les combats. Pourtant, la capitale a été bombardée par les Alliés et la libération s'est réalisée au travers de nombreux combats. Si les conséquences des bombardements alliés ont été effacées (les bâtiments ayant été détruits sous les bombes, les projets de reconstruction ont effacé les traces), les combats pour la libérations de Paris sont en revanche encore visibles.

Un petit rappel ... Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquent en Normandie et entreprennent la libération de la France et leur marche vers Berlin. Les américains (Eisenhower et Bradley) souhaitent contourner Paris, notamment car la libération de la Capitale solliciterait trop la logistique des alliées. Pendant ce temps, face à l'avancée des alliées, la résistance parisienne s'organise et les différentes corporations (agents du métro, gendarmes, policiers et postiers) se mettent en grève à compter du 10 août. Le 18 août, les élus communistes du département de la Seine lancent un appel à l'insurection, suivi le lendemain par celui du Colonel Rol-Tanguy, commandant des F.F.I., dont le PC est installé à Denfert-Rochereau, appuyé par le Conseil National de la Résistance et du Comité Parisien de Libération. Des barricades sont alors dressées le 19 août. Les mairies, les ministères, les sièges des journaux ainsi que la préfecture de police se trouvent occupés par les résistants. Les forces allemandes se replient et se retrouvent en position défensive. A ce moment, l'insurrection en est à ses débuts et peut être écrasée par les allemands. Malgré la faiblesse relative de ses troupes, dans la mesure où elles étaient composées de personnel administratif, de vieux soldats, le Général von Choltitz, commandant du Gross Paris, qui avait reçu des ordres d'Hitler de se battre jusqu'au bout et de réduire la ville en cendre, pouvait être soutenu notamment par les soldats revenant du front normand. Mais, il désobéit et préféra sauvegarder la capitale. Dès le 20 août, une trêve est négociée et appliquée. Mais, le 22 août, les combats reprennent. Si la moitié de la ville est libérée le 23, la situation de la résistance est critique et les allemands peuvent rapidement reprendre le dessus. Averti de la situation par le commandant Cocteau, le Général Patton accède à la demande de De Gaulle et du Général Leclerc de dépêcher à Paris un détachement de la 2ème division blindée. En fait, Patton respecta la promesse des américains faite à De Gaulle en 1943 à Alger que Paris soit libérée par des unités françaises. Surtout De Gaulle et Leclerc forcent la décision des américains en se dirigeant vers Paris, avant même l'accord d'Eisenhower. Le 24 août au soir, un premier détachement de la 2ème DB rentre dans Paris, par la Porte d'Italie et atteint presque 3/4 d'heure après l'hôtel de Ville. Le 25 août, 3 autres groupes de la 2ème DB ainsi qu'une division américaine rentrent également par la Porte d'Italie et attaquent les poches de résistances allemandes, guidés par les FFI. Le Général von Choltitz signe la reddition des troupes allemandes le 25 août dans l'après-midi et le même jour, De Gaulle rejoint Leclerc à la Gare Montparnasse. Les jours qui suivirent permirent de fêter la libération, même s'il demeura quelques combats sporadiques liés à la présence de tireurs allemands ou miliciens isolés. Le 27 août, la Luftwaffe réalise un dernier raid vengeur sur la capitale et la 2ème division blindée se porte au Nord de la capitale pour empêcher un retour offensif des allemands.

Ces combats se retrouvent encore sur quelques bâtiments de Paris, là où se sont déroulés les plus intenses heurts.


Sénat/Luxembourg :

Depuis 1940, le Sénat accueille l'Etat-Major de la Luftwaffe pour le Front de l'Ouest. Mais, entre le 12 août et le 18, le personnel est remplacé par une troupe d'environ 600 hommes, sous les ordres du colonel von Berg et composée en partie de S.S. et d'une compagnie de Schutzpolizei. Cette garnison, qui a réalisé des aménagements défensifs autour du palais, est particulièrement nerveuse et ouvre le feu sur les quelques rassemblements adjacents au palais à partir du 17 août. Il faut attendre le 25 août et la venue de la 2ème DB pour que le palais soit assailli. Commandé par Pierre George, alias "colonel Fabien", chef des unités de choc des F.F.I., 200 hommes arrivent par l'Est et le Sud et une centaine par le Nord. Pour les épauler, ils peuvent compter sur les chars et l'infanterie du sous-groupement Putz de la 2ème DB et au Sud par les chars du capitaine de Boissieu, de l'escadron de protection du général Leclerc. Les combats vont être rudes autour du palais et ses rues adjacentes et durer jusqu'à la reddition officielle de von Choltitz, en fin d'après-midi. Des traces de tirs et d'obus marquent le mur de l'École des Mines (bld St-Michel - VIème arrondissement) ainsi que des bâtiments du Sénat (Rue Auguste Comte/Bld St-Michel - VIème arrondissement). Le Théâtre de l'Odéon (Rue de Médicis - VIème arrondissement) a également été touché.

ImpactLux

ImpactMine

ImpactSenat

OdeonObus

Ile de la Cité :

L'île de la Cité comprend de nombreux bâtiments symboliques dont la Préfecture de Police, qui deviendra une place forte de l'insurrection. Si les forces de l'ordre ont, durant l'occupation, joué un rôle trouble (ex : rafle du Vel'd'Hiv), des réseaux de résistances existent au sein de la Préfecture et ils réussissent à mobiliser dès le 15 août les policiers, à les convaincre de se mettre en grêve et à désobeir au préfet Amédée Bussière. Les policiers investissent la Préfecture le 19 août. La prise de la Préfecture se déroule sans heurts, les gendarmes ayant pris la relève des policiers grévistes n'opposant aucune résistance. Toutefois, cette opération est réalisée sans l'accord du Comité de Libération et, le soir même, Rol-Tanguy s'emploiera avec succès à convaincre les policiers à rejoindre les F.F.I.. Jusqu'au 25 août, les combats vont être âpres avec les blindés allemands, surtout que les policiers et résistants sont peu armés et manquent de munitions. On retrouve ces traces de luttes, notamment sur la conciergerie, à l'angle du Quai des Orfèvres et du Boulevard du Palais (Ier arrondissement). L'Hôtel-Dieu a été la cible (par erreur ?) d'un char allemand et deux traces d'obus s'affichent du côté de la rue d'Arcole (15 rue d'Arcole - IVème arrondissement).

ImpactHD

ImpactConciergerie

Place de la Concorde :

Les bâtiments de la Rue de Rivoli jusqu'à la Place de la Concorde rassemblent plusieurs services des forces d'occupation. En particulier, le Général  von Choltitz a installé son PC de commandement à l'Hôtel Meurice ainsi que ses appartements tandis que l'Hôtel Crillon accueille le siège du Gouverneur Militaire de Paris. Il faudra tout l'apport des blindés de la 2ème DB pour venir à bout des militaires allemands. D'ailleurs, il existe une "magnifique" histoire sur ces combats (il existe différentes versions et je vous en donne un résumé reprenant l'essentiel). En effet, vous pouvez constater que la cinquième colonne de l'Hôtel Crillon (en partant de la droite) apparaît plus sombre que les autres. Lors des combats de la libération, des tirs nourris arrosent les F.F.I. à partir des toits de l'Hôtel Crillon. Un résistant ou un officier de la 2ème DB s'écrie alors "Les allemands ! La 5ème colonne !" en faisant référence à l'expression "la 5ème colonne" qui désigne les forces ennemis infiltrés. Toutefois, l'expression datant de 1936, un des canonniers des blindés de la 2ème DB ne devait pas la connaître et l'a pris au premier degré, tirant alors sur cette colonne de l'Hôtel Crillon. Son obus atteint son but, donnant à l'Hôtel Crillon un sourire édenté. La colonne sera remplacée mais dans une matière moins résistante que celle d'origine (datant de Louis XV), notamment à la pollution atmosphérique. L'Hôtel de la Marine comporte également des traces au début de la rue Saint-Florentin (VIIIème arrondissement).

ColonneCrillon.jpg

ImpactMarine

 

Mais, au-delà de ces traces ayant blessé les bâtiments, pour prendre conscience des durs combats, il suffit de porter son attention sur les innombrables plaques commémoratives accrochés aux immeubles, rappelant ces anonymes, ces résistants, ces militaires, ces policiers décédés sous les balles allemandes, un jour d'août 1944 ...

PlaqueResistants

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 23:29

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On a souvent tendance à croire que les deux guerres mondiales ont laissé peu de trace dans la capitale, les dures combats n'ayant pas atteint le coeur de Paris. A tort. Comme d'autres villes européennes, Paris a enregistré des combats et subit des bombardements, dont ils subsistent quelques cicatrices. Ainsi, si les tranchées n'ont pas atteint le parvis de Notre-Dame ou les grands boulevards, les allemands ont tout de même terrorisé la population parisienne.

Si Paris a été à portée des canons allemands au début de la guerre et fut sauvé par la bataille de la Marne, c'est à la fin de la guerre que les allemands vont réellement atteindre la capitale. Au début de 1918, l'état major allemand souhaita profiter du retrait de la Russie du conflit (traité de Brest-Litovsk en mars 1918) et donc de l'arrivée des troupes du front oriental sur le front occidental pour emporter la décision, avant que l'armada américaine ne se déploie. Profitant des désaccords au sein du commandement allié, les troupes allemandes réalisèrent plusieurs percées et atteignèrent Reims et Soissons (fin mai 1918). Pour appuyer ces percées sur le front, l'état major allemand souhaita toucher le moral des populations et décida de procéder au bombardement de Paris, soit par avions, soit par des pièces d'artillerie. Les avions étaient des bombardiers biplans, dénommés "Gotha", pouvant transporter jusqu'à 600 kg de bombes. Les pièces d'artillerie étaient la fameuse "Grosse Bertha". Baptisées du nom de la fille de l'industriel qui les fabriquait (Krupp), ces batteries de canon furent installées entre 80 km et 120 km de Paris. La Grosse Bertha comptait trois pièces d’artillerie, distantes les unes des autres de 800 à 900 m. Chaque pièce était composé d’un fut de 34 mètres.

BerthaGotha

Les premiers bombardements par les Gotha eurent lieu en janvier 1918. L'Ecole des Mines (60, boulevard Saint-Michel - VIème arrondissement) a été bombardé le 20 janvier 1918. Les traces de ce bombardement se confondent avec celles des combats pour la libération de Paris (25 août 1944), qui feront l'objet de la 3ème partie de l'article. Une plaque sur un bâtiment situé en face rappelle également les bombardements du 30 janvier. Les bâtiments publics furent particulièrement touchés. Les hôpitaux Saint-Antoine (XIème arrondissement), Broca (XIIIème arrondissement) et Cochin (XIVème arrondissement) reçurent plusieurs bombes. Une plaque à l'intersection du boulevard de Port-Royal et de la rue du Faubourg Saint-Jacques (XIVème arrondissement) rappèle qu'une des salles d'accouchement de l'hôpital Cochin fut détruite par une bombe allemande. On trouve d'autres traces plus nettes dans Paris. Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1918, un autre bombardement eut lieu et l'ex-siège du Crédit Lyonnais en garde encore les stigmates (Rue de Choiseul, quasiment à l'intersection avec la Rue du 4 septembre - IIème arrondissement). En une demi-heure, on dénombra près de 259 victimes dont 61 morts. L'intensification des bombardements s'oppera en mars 1918 et, dans le nuit du 11 au 12 et le ministère de la guerre fut également touché (231 Boulevard St Germain - VIIème arrondissement). Une plaque sur l'immeuble situé au 12 rue de Rivoli (IVème arrondissement) souligne les bombardements allemands et les victimes (27 motrs, 72 blessés). Le dernier bombardement de Paris eut lieu le 16 septembre. Au total, les Gothas effectuèrent 33 raids pour près de 800 victimes. La Grosse Bertha tira ses premiers coups le 23 mars 1918. Depuis 8 heures du matin et tous les quarts d'heure, Paris reçut des obus. Une des pièces d'artillerie put être détruite le 27 mars 1918, soulageant ainsi Paris. Le dernier obus de la Grosse Bertha fut tiré le 9 août 1918.

Choiseul

StGermain

BombardementStMichel

Paris ne fut pas bombardé uniquement en 1918. Le premier bombardement eut lieu le 30 août 1914. La cible était la Gare de l'Est et on dénombra une victime au 38 rue des Vinaigriers (Xème arrondissement). Une bombe intacte fut retrouvée Quai Valmy. Les bombardements se poursuivirent en septembre 1914 et se terminèrent en octobre (8, 11 et 12). Les bombardement reprirent en mars 1915. Dans la nuit du 20 au 21 mars 1915, quatre Zeppelins allemands filaient vers Paris mais n’osèrent pas pénétrer dans la capitale. Ils lâchèrent alors une cinquantaine de bombes sur les usines de la région nord ouest. Des bombes éclatèrent tout de même à Paris au 24 impasse Milord (XVIIIème arrondissement), au 78 passage Ruelle (XVIIIème arrondissement), rue Dulong (XVIIème arrondissement) et, au 7 rue des Dames et passage léger (XVIIème arrondissement). Le 11, 12, 24 et 28 mai 1915, Paris subit de nouvelles attaques et la dernière eut lieu le 27 juillet 1915. Enfin, avant les bombardements de 1918, les quartiers de Belleville et Ménilmontant essuyèrent des bombardements par un Zeppelin le 29 et 30 janvier 1916, faisant 26 morts et 32 blessés. 

L'état major français tenta d'organiser un projet de défense, en prévoyant de créer un "faux Paris" à quelques encablures de la capitale. Etant donné les faibles moyens techniques des avions, les pilotes allemands se repéraient uniquement avec leurs yeux. En conséquence, l'objectif de l'état major étaient de recréer en banlieu des faux bâtiments afin de leurrer les pilotes allemands. Des lampes, des baches et des jeux de lumières créerent des illusions optiques qui devaient tromper l'ennemi sur la position exacte de Paris. Après plusieurs essais, le sud de Pontoise fut retenu car la Seine y formait une boucle à l'image de celle parisienne. Le projet ne put être mis en place pour préserver Paris des bombardements de début 1918 et, finalement, l'armistice mit fin à cet incroyable et audacieux projet.

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 20:30

American way of life, anti-américanisme primaire ... les relations franco-américaines sont depuis longtemps passionnées. Malgré les "Je t'aime ... moi non plus", les hommages d'un pays à l'autre se sont multipliés au fil des années. L'une des expressions les plus marquantes demeure le don de la Statue de la Liberté de la France aux Etats-Unis. Si Frédéric Augusthe Bartholdi (1834-1904) en est le sculpteur, avec la collaboration d'Eugène Viollet-le-duc (1814-1879) puis Gustave Eiffel (1832-1923), l'idée d'un gage de la France envers les États-Unis provient de Edouard de Laboulaye (1811-1883), juriste et professeur au Collège de France. Edouard de Laboulaye confia en 1866 le projet à Frédéric Augusthe Bartholdi, à qui il avait auparavant commandé un buste à son effigie. Mais, Bartholdi fut occupé jusqu'en 1869 à travailler sur un autre projet (un monument sur l'estuaire du canal de Suez), qui ne vit finalement pas le jour. En 1870, Bartholdi réalisa un premier modèle réduit en terre cuite. La guerre de 1871 retarda le projet qui fut relancé par Thiers (1873) et par le voyage de promotion de Batholdi aux États-Unis (1871). La Statue de la Liberté, de son vrai nom "La Liberté Éclairant le Monde" devait être offerte pour le centenaire de l'indépendance américaine en 1876. Mais, des difficultés de financement comme des soucis lors des travaux retardèrent la construction. Le financement ne fut bouclé qu'en 1880. La main avec la torche fut tout de même exposée à Philadelphie en septembre 1876. La tête fut dévoilée lors de l'exposition universelle de Paris en 1878. La statue fut finalement terminée, après de nombreux déboires financiers et funestes (décès de Viollet-le-Duc et de Laboulaye) de part et d'autre de l'Atlantique, en juillet 1884. Elle fut démontée à partir de janvier 1885, une fois que les fonds nécessaires à la construction du socle furent réunis aux Etats-Unis, et embarqua du Havre en mai 1885. La statue ne fut remontée qu'à partir du printemps 1886 et fut finalement inaugurée le 28 octobre 1886, en présence du président américain, Grover Cleveland.

 


GenieLiberteLa représentation de la liberté s'imposa aux deux hommes, cette valeur étant commune aux républiques française et américaine. Les deux hommes auraient d'ailleurs voulu, par cette représentation républicaine, défier le régime autoritaire de l'Empire Français de Napoléon III. Les inspirations sont multiples mais principalement antiques : colosse de Rhodes, divinité romaine Libertas ou grèque Hélios, la reine Sémiramis .... Si la statue s'est
 imposée comme un des symboles de la Liberté, Paris compte d'autres allégories de la Liberté. Le Génie de la Liberté (par Auguste Dumont (1801-1884)) coiffe la colonne de Juillet, située place de la Bastille (IVème, XIème et XIIème arrondissement). La représentation est différente mais on retrouve également la torche pour signifier la volonté d'éclairer le monde, les peuples. Place de la Nation (XIIème arrondissement), le Génie de la Liberté est également représenté dans le monument du Triomphe de la République, sculpté par Aimé-Jules Dalou (1838-1902). Enfin, si la Liberté brandit toujours une torche (de la main gauche et non droite comme la Statue de la Liberté), elle apparaît sous des traits féminins sur le monument de la Place de la République (IIIème, Xème et XIème arrondissement), sculpté par Léopold Morice (1846-1919).

LiberteRepublique
La statue a coûté la bagatelle de 343.000 euros (sans tenir compte des rénovations ultérieures). Elle mesure 46 mètres et en ajoutant la hauteur du socle, elle atteint 93 mètres. Elle pèse 225 tonnes, dont 125 d'acier et 31 de cuivre. Eugène Viollet-le-Duc choisit la technique du "repoussé" qui consiste à travailler à froid et à l'envers une plaque de métal (d'une épaisseur de 2,37 mm) de manière à faire ressortir la forme souhaitée. Gustave Eiffel choisit de faire reposer la statue sur une armature en acier (un pylône composé de 4 pieux en acier sur lequel repose la statue et un second squelette qui tient les plaques de cuivre).

ConstructionStatueLa statue fut fondue et assemblée dans les ateliers Gaget, Gautier et Cie, repris après par Monduit et Bechet. Ils étaient situés au 25 rue de Chazelle (XVIIème arrondissement) et s'étendaient jusqu'au 21, où Bartholdi installa également son atelier pour suivre l'évolution de la construction. Durant la construction, son gigantisme s'imposa dans tout le quartier et beaucoup de parisiens vinrent se promener pour l'admirer. Aujourd'hui, il ne reste plus rien des ateliers et seule la clinique actuelle fait référence à la Statue en l'ayant choisie comme logo. Pour l'anecdote, l'entreprise Gaget aurait distribué, lors de l'innauguration, des miniatures de la Statue aux invités qui auraient déclarés "Do you have your Gaget ?". Ce qui aurait donné naissance au mot "Gadget" dans la langue anglaise et française.


Symbole de la ville de New-York mais également mondiale, de nombreuses répliques virent le jour à travers le monde. Avec une forte communauté américaine vivant dans ses murs, Paris ne pouvait évidemment échapper à cette frénésie de copie, d'autant plus que les usines qui virent naître la statue y était situées. La plus connue des copies est celle située à la pointe de l'île aux Cygnes, à la hauteur du pont de Grenelle (XVème arrondissement). Elle a été dressée le 4 juillet 1889, en présence de son créateur, et fondue à partir du moule réalisée par Bartholdi en 1874. Elle faisait initialement face à l'Elysée (et à la Tour Eiffel), tournant le dos aux États-Unis (alors que la Statue de la Liberté fait face à l'Europe). En 1937, lors de l'exposition universelle, elle sera retournée pour enfin faire face aux États-Unis. Elle est quatre fois plus petite que sa grande soeur américaine (11m70) mais elle renforce le côté américain du quartier Beaugrenelle, dominé par une vingtaine de tours. Sa tablette indique "IV Juillet 1776 = XIV Juillet 1789",en référence aux révolutions de chacun des pays. Elle a été offerte par le Comité des Américains de Paris pour remercier la France de son don de la Statue de la Liberté. La souscription fut lancée en 1884 mais en mai 1885, la souscription n'était toujours pas close alors que l'ambassadeur américain achevait sa mission en France. Une statue en plâtre fut donc réalisée et inaugurée, place des États-Unis (XVIème arrondissement), en 1885, face à la légation américaine. Mais, vulnérable, elle fut enlevée rapidement.

Une autre réplique, plus petite et en composite, se trouve très proche, au niveau de l'hôtel Novotel, sur le quai de Grenelle.

Le jardin du Luxembourg (VIème arrondissement) abrite également une réplique offerte par Bartholdi lui-même en 1900. Ce modèle en bronze, mesurant près de 3 mètres et installé en 1906, porte la mention sur sa tablette "15 novembre 1889", en référence à l'exemplaire de l'île aux Cygnes. A noter qu'il manque la flamme de sa torche, qui fut brisée lors du voyage retour d'une exposition à Amsterdam en 2001. Elle est actuellement en rénovation.

Le Musée des Arts et Métiers (IIIème arrondissement) accueille plusieurs exemplaires de la Statue de la Liberté. A l'extérieur, au niveau du choeur de l'Église de Saint-Martin des Champs, un exemplaire en bronze a été inauguré le 9 juin 2011. Il s'agit d'une copie de l'exemplaire qui se trouve à l'intérieur du Musée, également au niveau du choeur. Ce dernier modèle à l'échelle 1/16ème est l'original qui a été utilisé par Bartholdi pour réaliser la véritable Statue, par agrandissement des différentes parties. Il a été légué par la veuve Bartholdi au Musée. Ce dernier compte également des maquettes représentant la construction de la Statue dans les ateliers.

La flamme de la Statue a également été reproduite et constitue aujourd'hui un monument au niveau du pont de l'Alma (VIIIème arrondissement). Cette reproduction grandeur nature, dénommée La Flamme de la Liberté, a été offerte par les Etats-Unis en 1989, en remerciement de l'aide française à la restauration de la Statue 3 ans auparavant. Depuis 1997, ce monument fait également office de lieux de commémoration pour Lady Diana, suite à son décès dans un accident de voiture dans le tunnel du pont de l'Alma. Une autre Flamme de la Liberté a été également réalisée et inaugurée dans les jardin de l'ambassade américaine à Paris en juin 2008 (VIIIème arrondissement).

Enfin, il existe une dernière reproduction qui fait partie des éléments composant le Centaure de César, situé place Michel Debré (VIème arrondissement). De petite taille, je vous laisse le plaisir de la chercher dans cette agglomérat d'objets ...

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  • 37 ans, lyonnais d'origine, parisien depuis plus de 10 ans, habitant le 6ème arrondissement et aimant l'Histoire, en particulier quand on peut la toucher.
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